Jussi ADLER-OLSEN – Miséricorde
Titre original : Kinden i buret
Mon appréciation : 8,5 / 10
Voici un excellent polar (qui se transforme même en thriller au cours du dernier tiers), bien construit, utilisant les techniques classiques mais toujours aussi efficaces : un flic un peu atypique et au passé lourd, une intrigue vaguement politique, des difficultés internes d’un service, une menace terrible, une affaire classée – mais non terminée – des indices disparus ….
L’intrigue n’est peut-être pas renversante et les soupçons prennent rapidement la bonne direction, mais la construction de ce roman est parfaitement maîtrisée, chaque chapitre se termine sur un moment de tension – qui fait qu’on a envie de lire la suite, et ce jusqu’à la fin!
L’intrigue, donc :
Carl Mørck est inspecteur depuis plus de vingt-cinq ans, mais il est arrivé au bout de ses forces morales et physiques. Sa dernière affaire s’est terminée par un fiasco, son équipe a été littéralement décimée et détruite : l’un de ses partenaires est mort, l’autre se retrouve à l’hôpital, paralysé. Carl Mørck seul a survécu avec une légère blessure à la tempe et culpabilise. Sa blessure psychologique fait qu’il a perdu la flamme qui le motivait, il ne semble plus rien rester du bon flic qu’il était.
Quand il reprend du service, ses collègues cherchent un moyen de se débarrasser de celui qui est devenu un poids mort voire même embarrassant. L’occasion leur est fournie lorsque le gouvernement décide de créer un « département V » qui serait chargé de résoudre les affaires sensibles ou classées. Le chef de la police criminelle saisit l’occasion, encaisse les fonds de création et confie ce département V à Carl Mørck, qui se retrouve alors relégué dans un petit bureau au sous-sol en compagnie d’Assad, un assistant d’origine syrienne sans formation qui est là pour l’aider à classer du papier.
Ce qui arrange Carl, qui pousse les dossiers d’un coté de table à l’autre. Mais Assad est passionné par le métier du policier et survole les affaires classées … contraignant Carl d’en ouvrir une. Ce sera celle d’une jeune femme trentenaire disparue, Merete Lyyngaard. Elle était promise à un avenir politique brillant, mais a disparu un jour de mars 2002 d’un ferry. Un fait divers qui avait fait les choux gras de la presse à scandale de l’époque mais qui se retrouve désormais au fond d’un classeur. La police n’a jamais résolu l’affaire et a simplement conclu qu’elle s’était suicidée ou était tombée à l’eau, bien que son corps n’ait jamais été retrouvé.
Seulement, dès la première page nous, les lecteurs, savons que tel n’était pas le cas ! Merete est détenue depuis le jour de sa disparition, donc depuis cinq ans (!), dans un sous-sol étrange où elle subit une torture lente et insidieuse.
Qui l’a enlevée? Pourquoi? Est-ce que Carl Mørck sera assez motivé pour creuser l’affaire (bien sûr, sinon il n’y aurait pas de roman)?
Le département V reprend donc l’enquête et découvre les oublis de l’équipe qui l’a précédé dans les investigations, les incohérences …
Alors?
C’est un excellent polar, on le lit sans s’ennuyer à aucun moment, le style est agréable, on s’attache à Carl Mørck et encore plus à son acolyte Assad, qui est bien plus intelligent que ceux qui l’ont engagé croyaient.
La lecture se fait en parallèle, entre Merete Lyyngaard dans sa prison souterraine et l’enquête de Carl Mørck. Nous suivons ainsi le combat quotidien de Merete pour survivre et garder ses esprits tout en comprenant de plus en plus l’urgence – il ne reste pas beaucoup de temps pour sauver la jeune femme que tu le monde pense déjà morte!
Ce qui m’a séduite dans ce roman, ce n’est pas tant l’intrigue, qui est plutôt classique et reprend les standards. Non, c’est cette structure et l’écriture tout en finesse. Jussi Adler-Olsen réussit à maintenir le suspense, à l’augmenter à chaque fin de chapitre, tout en nous présentant ses héros, qui, eux aussi, deviennent intriguant. Pour exemple, Assad se révèle donc très futé, mais au fur et à mesure nous nous interrogeons de plus en plus sur lui. Tous les personnages sont bien décrits, le passé est habilement mêlé au présent, mêmes les caractères secondaires sont vivants.
Autre petit plus: si ce roman est un véritable polar, puisque nous suivons le fil des indices avec le département V, il se transforme presque en thriller au cours du dernier tiers.
Miséricorde est la première enquête de Carl Mørck, mais pas le premier livre de l’auteur. J’attends maintenant avec impatience les enquêtes suivantes du «département V» (je sais qu’il y en a déjà au moins deux autres, mais là, en VO, je passe). En conclusion je ne peux que dire : je vous conseille ce roman!
Depuis, le département V a résolu d’autres enquêtes, et notamment:
- « Miséricorde»
- « Profanation»
- «Délivrance »
- « Dossier 64 »
- « l’Effet Papillon »
- « Promesses »
- « Selfies »
(dernière mise à jour : septembre 2017)
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