Vilhelm Moberg – L’or et l’eau (tome 6)

Titre original : Nybyggarna

Mon appréciation : cette saga, dans son ensemble et indépendamment des tomes individuels, mérite un 10/10

Changement d’ambiance avec le tome 6.

Ce chapitre de la saga est plus sombre, plus désenchanté.

Robert est de retour. Cela fait quatre ans qu’il a quitté les siens, en compagnie de son meilleur ami Arvid, pour aller chercher de l’or. Il revient seul, mes informant qu’Arvid est resté là bas.

Et il revient avec les poches plein d’argent et remet le soir même quatre mille dollars à son frère Karl Oskar !

Mais ce Robert qui revient n’est plus le même. Lorsqu’il est parti, c’était un jeune homme rêveur, léger, qui aspirait à la liberté et à la vie facile. Celui qui revient est presque un vieil homme, malade, le teint jaunâtre, maigre, ayant perdu ses dents, souffrant d’une toux chronique et de son oreille toujours aussi douloureuse.

Après quatre ans passés sur le California Trail, il paraît bien plus âgé que Karl Oskar, qui est pourtant de dix années son aînée.

Le changement de Robert n’est pas seulement physique. Il paraît apathique et abattu. Son désenchantement se traduit par des paroles énigmatiques mais également son silence sur son expérience qui semble pourtant avoir été une réussite puisqu’il revient en homme riche. S’il a trouvé la richesse, il a perdu autre chose au cours de son voyage ; il revient les poches pleines de dollars, mais lui-même semble écrasé par un poids si lourd qu’il en a perdu sa jeunesse.  

Et ce n’est qu’à travers ses nuits, lorsqu’il se bat avec ses insomnies et son oreille toujours aussi douloureuse que le lecteur apprendra son histoire.

Comment un jeune homme plein de vie a pu revenir en même temps aussi riche et aussi accablé, à quel moment a-t-il perdu l’étincelle qui faisait de lui Robert ? A-t-il vraiment trouvé ce qu’il est parti chercher ? Qu’est devenu son ami Arvid, pourquoi revient-il sans lui alors que les deux hommes s’étaient promis de ne jamais se séparer ?

Un garçon léger est parti, un homme écrasé par le poids de sa vie revient.

Ce tome, poignant, aborde un aspect bien différent de l’émigration.

Pour ma part, j’ai apprécié ce changement de décor et d’ambiance. Après cinq tomes passés avec Karl Oskar et Kristina, dont les deux derniers au bord du lac Ki-Chi-Saga, voyager avec Robert en direction de la Californie apporte un souffle nouveau, bien qu’il soit empreint d’une profonde tristesse face à la perte de la jeunesse d’esprit de Robert, de sa joie de vivre et son innocence.

La perte de ses illusions face à la réalité de la vie, de la valeur de celle-ci, a brisé l’élan vers la liberté de Robert.

Vous allez certainement touchés par ce récit tragique du voyage de Robert vers les champs aurifères de Californie.

 

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