Iny Lorentz – La Châtelaine (La catin, tome 2)

Titre original : Die Kastellanin (Die Wanderhure, Band 2)

Mon appréciation : 7/10

Ce deuxième volume de la saga de « la catin » m’a emportée plus encore que le premier tome et je ne peux que conseiller cette série de romans historiques facile d’accès aux amoureux du genre.

Pourtant, j’accorde exactement la même note qu’au premier tome ! L’explication en est simple – mais il faudra attendre, lire jusqu’au bout mon petit commentaire, histoire d’augmenter le suspense …

Quoi qu’il en soit, c’est une série historique qui a de la magie, dont l’écriture légère nous entraîne dans l’Allemagne du Moyen-Âge et il est difficile de lâcher le livre avant d’avoir tourné la dernière page.

La preuve, je viens de finir ce tome (539 pages) et j’ai déjà hâte de lire le prochain (« le testament de la catin »).

Mais revenons-en à ce deuxième livre :

 

L’histoire :

Nous nous trouvons en Allemagne, en 1420, dix ans après les évènements du premier tome („la catin“ tome 1, voir mon commentaire :           ).

Marie, après avoir été mariée de force à Michel Adler, son ami d’enfance, a appris à aimer son époux du fond de son cœur et leur couple est très uni. Installés à Rheinsobern, la vie semble leur sourire.  

Seulement, la guerre fait rage en Bohème, et sur appel de l’empereur Sigismond, Michel se joint aux armées du souverain pour défendre sa couronne.

Rapidement, il se distingue par son courage et sa perspicacité, parvenant à sauver la vie de l’empereur lui-même. En récompense, il est nommé chevalier du Saint-Empire, soumis à la seule autorité de l’Empereur, dépassant par là en grade tous les autres chevaliers.

Cette ascension lui vaut la jalousie de bien des nobles, et notamment Falco von Hettenheim lui voue une haine farouche. Quand l’occasion lui est donné, Falco abandonne Michel lâchement aux mains des ennemies, les hussites. Michel Adler disparaît ainsi au cours d’une embuscade et est déclaré mort….

Demeurée dans leur Château, ce n’est que des mois plus tard que Marie apprendra la nouvelle : elle est veuve ! Et ce n’est pas tout, pressé, le Palatin nomme un nouveau Seigneur dans le château du Rheinsobern, et le Seigneur von Banzenburg s’installe dans ses murs. Son épouse, Cunégunde von Banzenburg, espère alors mettre la main sur le titre de chevalier de Michel, protégé par Marie par héritage, ainsi que sur ses richesses.

Elle tente alors de contraindre Marie à épouser un de ses cousins.

Mais Marie en a vu d’autres, et, convaincue que Michel est encore en vie, elle se lance dès lors dans une aventure totalement folle : déguisée en simple cantinière, elle suivra les troupes jusqu’en Bohème pour retrouver son époux ou, du moins, connaître son destin.

Une fois sur la route, elle partagera donc, encore une fois, la vie simple des roturiers et notamment des cantinières, qui accompagnent les soldats sur le front et dans toutes leurs expéditions. Comme ses nouvelles amies, elle ne sera donc jamais à l’abri des dangers.

 

Un périple passionnant !

Oui, j’ai adoré suivre Marie dans cette nouvelle aventure, je pense même que j’ai largement préféré ce volume au précédent. Le caractère de Marie est bien affirmé, elle se lie d’amitié avec les autres cantinières, elle tente de suivre tant bien que mal les soldats, se débat contre les puissants qui doivent rester dans l’ignorance de sa véritable identité, elle affrontera également la captivité parmi les hussites. L’action, il faut l’admettre, est omniprésente !

Le début du livre mériterait un bon 8/10, du moins en ce qui concerne la magie de l’écriture et l’aventure de Marie, pleine de suspense.

Surtout, un grand plus, cette-fois ci on ne voit pas seulement la vie des catins, mais on a l’occasion de vivre dans la peau des nobles, des soldats, des guerriers ennemies, bref, on a une vue plus large de l’histoire, ce que j’ai énormément apprécié.

Encore une fois, certaines scènes sont relativement violentes, et les femmes ne sont pas épargnées, on s’aperçoit encore une fois que cette époque était très difficile si on n’appartenait pas à la noblesse et qu’on avait le malheur d’être une femme.

Bref, c’est un livre à lire.

Mais alors, pourquoi n’ai-je pas donné une note supérieure encore, puisque j’ai tellement adoré ?

 

Tout simplement parce que l’intrigue et les protagonistes ont un énorme défaut, ou plutôt deux :

1)   Les personnages sont trop caricaturaux.

Les « méchants », que ce soit Falco von Hettenheim, les hussites ou encore Cunégonde von Banzenheim sont tellement « vilains » qu’ils en deviennent ridicules et peu crédibles.

Prenons Cunégonde : elle arrive dans le château de Marie, la précédente Châtelaine, veuve d’un chevalier du Saint Empire, occupant donc un grade très élevée dans la noblesse. Pourtant, poussée par l’envie et l’avidité, elle traitera Marie, pourtant enceinte de huit mois, moins bien qu’un chien, l’enfermant dans une petite chambre sans fenêtre ni chauffage en plein hiver. Cela paraît vraiment exagéré.

De même, Falco, cet homme si vil, et bien, il ne fait qu’agir de façon cruelle et perfide, ses amis sont soit aussi « vilains » que lui, soit des hommes qui tournent leur drapeau en fonction du vent qui souffle. Falco est tellement fourbe qu’il ne semble vivre que pour commettre des atrocités.

Et ce ne sont que deux exemples du noir/blanc des personnages.

Car si vous avez d’un coté les méchants, de l’autre coté, vous trouverez les valeureux : et bien, ils sont tellement bons que cela en devient presque exaspérant. Même Marie, parfois on aurait aimé qu’elle soit un peu moins aimante et altruiste.

Je préfère encore la vieille Eva, l’autre cantinière, au moins elle est laide !

 

2)   L’histoire et ses coïncidences vraiment tirées par les cheveux

Au début, tout va bien, l’intrigue commence de façon bien ficelée, un peu simpliste mais passionnante.

Mais je dois dire que le dernier quart gâche totalement l’ensemble. Les uns et les autres qui se retrouvent « par hasard » dans les situations les plus aberrantes, franchement, c’était un peu trop.

La dernière partie du livre (y compris la fin) est donc ternie par ces ridicules rencontres fortuites, ces situations frisant le grotesque. Je ne donnerai pas d’exemple pour ne pas trahir l’intrigue, mais préparez vous à quelques invraisemblances.

Mais il n’en demeure pas moins que, malgré ces grosses lacunes, le livre est vraiment bon, même très bon.

On ne peut presque pas le lâcher, on tourne les pages, on se passionne pour les héros. Le style est très agréable, fluide, et cette-fois ci, contrairement au premier livre, on n’a strictement aucun problème à bien différencier les différents caractères et leurs appuis politiques.

Donc, un roman à lire.

J’ai hâte de lire la suite avec „le testament de la catin“ !

 

Dans la série de « la catin » sont actuellement disponibles :

  1. La catin / Die Wanderhure :
  2. La Châtelaine / Die Kastellanin :
  3. Le testament de la catin / Das Vermächtnis der Wanderhure :
  4. Die Tochter der Wanderhure (littéralement « la fille de la catin » – pas encore traduit en français  
  5. Töchter der Sünde (littéralement « Filles du Péché ») – pas encore traduit en français  
  6. Die List der Wanderhure (littéralement « la Ruse de la catin ») – pas encore traduit en français)

L’ordre CHRONOLOGIQUE de ces tomes est toutefois différent, puisque le dernier tome „Die List der Wanderhure“ se situe chronologiquement entre „Le testament de la catin“ et „Die Tochter der Wanderhure“.

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