Brandon Sanderson – L’Empire ultime (Fils des brumes T1)

Titre original : Mistborn (Mistborn series, book 1)

Mon appréciation : 8/10

 

« L’empire ultime » est le premier volume de la trilogie des « Fils des brumes ».

L’ambiance générale de cet excellent roman fantasy est lugubre et désenchantée : le monde est noyé sous les cendres ; le peuple est opprimé et terrorisé depuis si longtemps qu’il ne se rebelle même plus et tient sa condition comme acquise … jusqu’à ce qu’un « fils des brumes » décide qu’il faut essayer l’impossible et renverser l’empire.

Schématique assez classique, mais l’univers créé dans cette série est complexe, laissant deviner dès le premier volume qu’il y a bien plus qui se cache dans les brouillards de la nuit.

Mais plus précisément, voici le résumé de …

l’intrigue de ce premier tome:

Vin, une jeune voleuse âgée de seize ans n’attend rien de sa vie, elle ne pense qu’à survivre, coute que coute. L’avenir, elle n’en a pas, des amis, elle n’en a pas, de la famille, elle n’en a pas. Sa devise est : chacun te trahira un jour ou l’autre.

Vin est une skaa, un membre du peuple opprimé qui vit en esclavage sous le joug de la noblesse – et l’accepte.

Un jour, son chemin croise celui de Kelsier, un fils des brumes, puissant magicien des métaux, mais surtout un « survivant », un homme qui a échappé à l’enfer de Hathsin. Cet homme a une idée folle : celle de renverser l’empire.

Renverser l’empire ultime – c’est impensable, d’autant plus qu’à la tête de cet empire se trouve le Lord Ruler (Seigneur Maître en VF), un homme immortel, un Dieu qui a jadis sauvé la terre !

Ce Seigneur Maître impose sa loi à travers une société construite sur la terreur : ses sbires le renseignent sur toute transaction, même la plus insignifiante qu’il peut interdire et sa règle est imposée même aux plus puissants par les effrayants inquisiteurs, des créatures invincibles et terrifiantes.

La noblesse, qui jouit d’un peu plus de libertés, ne se mélange pas avec les skaa ; d’ailleurs, si une femme a des relations avec un noble elle doit mourir de peur qu’un enfant ne naisse de cette union.

La raison est simple : dans cette société contrôlée existent des magiciens, les allomanciens, que l’on nomme généralement les « fils des brumes ». L’allomancie est une magie puissante transmise par naissance et qui est réservée à la noblesse, alors, inimaginable qu’un tel pouvoir puisse se retrouver entre les mains d’un simple skaa.

Seulement, cela arrive … Vin est une telle batarde, fille d’une mère skaa, engendrée d’un père noble.

Et lorsque Vin se lie avec Kelsier elle découvre qu’elle est une fille des brumes puissante. Guidée par Kelsier, elle infiltre la noblesse avec, pour but ultime, renverser le Seigneur Maître.

Alors, pourquoi 8/10 ?

Ce qui m’a le plus convaincu, dans ce livre, c’est l’ambiance.

Dès la première page nous sommes plongés dans un monde gris où toutes les couleurs ne sont même plus un souvenir.

Du ciel tombent en permanence des cendres, étouffant les plantes et toute vie, rendant chaque rue grise. La nuit, on ne voit aucune étoile mais la brume sort alors de nulle part pour engloutir les rues. D’effrayantes créatures se blottissent au cœur de ces brouillards épais.

Dans la journée, un soleil rouge peine à traverser les cendres pour éclairer ce paysage triste où aucune fleur n’a pu survivre ; les quelques plantes assez fortes pour pousser hors du sol et être cultivées sont bruns et faméliques, rendant le paysage encore plus déprimant.

Et c’est ainsi, partout, depuis mille ans.

Seules quelques légendes murmurent que la nature pouvait être colorée, mais ces histoires se perdent désormais, après un millénaire de vie dans ces conditions grises.

L’action est omniprésente. L’intrigue, à ce niveau là, reprend les classiques du genre puisque nous y rencontrons l’opposition entre la noblesse et les skaas, les complots au sein de la noblesse, les luttes de pouvoir, les guerres, les batailles ….. pas le temps de s’ennuyer.

Les personnages sont assez bien décrits mais je dois néanmoins nuancer : seuls les personnages principaux atteignent un degré de profondeur suffisant. Vin est attachante, Kelsier est impressionnant, même Elend Venture, le noble, m’a plu. Mais les autres membres du groupe des voleurs comme d’ailleurs la plupart des caractères secondaires sont plus effacés, par moments on les confond même les uns avec les autres.

Les créatures mystérieuse existent également dans ce roman, cachées dans les brumes on n’en rencontre que peu, mais on subodore qu’il y en a bien plus…. (à suivre dans les volumes suivants)

La magie des métaux est une belle idéeet son utilisation est imaginative, bien que la description soit parfois un peu trop détaillée, notamment lorsque l’un des allomanciens se déplace l’auteur se plaît un peu trop dans la description du comment.

N’oublions surtout pas l’ennemie, le Lord Ruler, ce Seigneur Maître qui impose sa loi du haut de son immortalité, est un „méchant“ que je trouve particulièrement réussi. Ce personnage est sombre et titille l’imagination :

Pour le peuple, c’est un Dieu. N’oublions pas qu’ily a mille ans, il a sauvé le monde de la destruction !

Pourtant, aujourd’hui il se comporte comme le pire des tyrans.

Une belle idée de faire d’un ancien héros l’ennemie. On s’interroge, que s’est-il passé pour qu’il devienne ce qu’il est ?Et surtout, comment le vaincre alors qu’il est immortel ?

Pour finir, j’ai apprécié tout particulièrement le regard qui est jeté sur les mythes et légendes.

Ces histoires traversent le roman, livrés par petits bouts, des bribes attrapées ici et là et contées autour des feux.

On assiste même à la naissance d’une nouvelle légende, celle du Maître des Brumes, qui n’est nul autre que Kelsier lui-même, Kelsier qui s’efforce de projeter une image mythique aux skaas pour les encourager. Une belle vision et idée, là encore, cette création d’un être légendaire.

Tout naturellement on revient à la question de l’origine des mythes et on se pose la question : dans quelle mesure une vérité se cache-t-elle au fond d’une légende et dans quelle mesure celle-ci a-t-elle embellie l’histoire?

Bref, un roman fascinant et complexe qui est pourtant d’une lecture extrêmement aisée (et ce malgré la longueur du livre – qui est, avec ses 643 pages en livre de poche, largement le plus court des trois tomes).

Un petit bémol néanmoins: par moments il y a quelques longueurs, particulièrement dans les descriptions de l’usage de la magie des métaux.

Mais à part cela, l’action est assez omniprésente et suit les figures imposées du genre.

 

Les trois romans constituant cette trilogie sont les suivants (en VO et en VF) :

Tome 1 : Mistborn / L’empire ultime

Tome 2 : The Well of Ascension / Le puits de l’ascension

Tome 3 : The Hero of Ages / Le héros des siècles

 

 

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